Décloisonner militantisme, production alternative et solidarité

Le décloisonnement entre militantisme, production alternative et solidarité est un enjeu fondamental pour articuler nos pratiques et notre discours politique. Mais comment transformer une organisation politique en un véritable point d’ancrage matériel, un outil concret de mutualisation et de soutien, et un espace de jonction entre expérimentations sociales, économiques et politiques ?

Pour y parvenir, la force politique doit devenir un pôle de ressources et de soutien actif. Elle ne doit pas se limiter à porter un discours sur la propriété collective et les pratiques alternatives, mais aussi contribuer directement à leur mise en œuvre. Cela implique de visibiliser les besoins des collectifs et organisations déjà engagés dans ces dynamiques, de faciliter l’accès à des ressources, et de participer à la mutualisation de moyens matériels et humains. En retour, ces collectifs pourraient nourrir la réflexion politique en apportant idées, problématiques, réseaux et pratiques issus de leurs expériences concrètes.

Expériences concrètes à soutenir et à amplifier

  1. À l’international : l’exemple des ex-GKN en Italie

Un exemple inspirant est celui des ouvrier·es de l’usine GKN de Campi Bisenzio, près de Florence. Face à un plan de licenciement, ils ont occupé leur usine et engagé un projet de reconversion écologique autogestionnaire, en partenariat avec des mouvements écologistes et des chercheur·ses. Ce projet s’appuie sur un réseau local, national et international de solidarité, qui a mis à disposition des moyens militants et des savoir-faire pour concevoir un plan de reprise, soutenir une campagne d’actionnariat populaire et assurer sa visibilité.

Cette expérience illustre comment un réseau de soutien peut amplifier les capacités des collectifs en lutte, tout en popularisant une vision d’écologie populaire et autogestionnaire. Elle montre également que les luttes ouvrières, lorsqu’elles intègrent des dimensions écologiques et sociales, peuvent devenir des laboratoires stratégiques pour penser une transformation globale.

 

  1. En France : CoopCycle et Cascade
  • CoopCycle est une fédération de coopératives de livraison à vélo qui lutte contre les plateformes capitalistes fondées sur l’auto-entrepreneuriat précaire. Elle propose un modèle alternatif basé sur la propriété collective des outils de production et la mutualisation des services nécessaires à une activité locale durable (plateformes numériques, apport d’affaires, achats groupés).
  • Cascade est un projet de mutualisation intersectorielle autour d’un outil numérique qui permet la gestion collective des ressources (locaux, budgets, cotisations, invendus alimentaires) au sein et entre collectifs non lucratifs. Cet outil facilite la prise de décision collective et rend visible l’allocation des moyens pour renforcer les synergies entre collectifs.

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Principes fondamentaux pour une nouvelle organisation politique