Principes fondamentaux pour une nouvelle organisation politique

Nous voulons construire une organisation politique de masse, enracinée dans les mouvements sociaux et écologistes réels, porteuse d’une nouvelle expression politique des opprimé·es et d’un anticapitalisme renouvelé. Inspirée par les Soulèvements de la Terre, les collectifs féministes ou encore l’Assemblée des Quartiers Populaires, cette force devra approfondir et amplifier le renouveau des pratiques militantes.

Une force politique n’est pas une fin en soi, mais un outil collectif. Elle doit rassembler, articuler les luttes, mieux comprendre le monde, défier les pouvoirs et construire une société émancipatrice. Elle doit à la fois développer l’auto-organisation des opprimé·es et porter un projet de société désirable. Une telle organisation doit refléter dès aujourd’hui les valeurs qu’elle défend : inclusion, égalité, solidarité et pluralisme.

Principes fondamentaux pour l’organisation

  1. Parité complète Femme-Homme dans les fonctions à tous les niveaux de l’organisation et représentatitivité sociale, avec un rééquilibrage drastique dans la représentation des militant.e.s racisé-e-s, ouvrier.e.s et précaires notamment,. Liberté d’organisation en non-mixité pour les femmes mais aussi pour les racisé-e-s, pour les LGBTQI+.
  1. Le droit d’objection et de retrait. Lorsqu’une majorité de l’organisation décide d’une orientation, la ou les minorités ne sont pas obligés de l’appliquer et peuvent appliquer un droit de retrait durant la période considérée (par exemple, les élections)
  1. Le non-cumul d’une charge dans le temps : La caractéristique des organisations de la gauche radicale est d’avoir conservé longtemps (pour certaines plusieurs dizaines d’années) les mêmes dirigeants. Ce qui implique nécessairement, quelle que soit la qualité des gens en question, le non renouvellement et l’assèchement d’une vision politique du monde centré sur une période considérée (36, 45, 68, 95…). La rotation des tâches dans le mouvement est aussi une conséquence de ce choix du non-cumul dans le temps.
  1. Des instances et des responsables contrôlées et révocables. Le mandat impératif est une option qui doit être discutée. Toutefois, son application n’est pas toujours évidente dans l’action quotidienne et doit pouvoir être débattue a posteriori par le collectif. 
  1. Bienveillance, inclusion, attention et soin : Accueillir, de manière inconditionnelle, l’autre et sa parole, quelles que soient les différences. Prendre soin de chacun des individus qui composent le collectif, tout comme du collectif dans son ensemble. Une des questions essentielles est celle de la disponibilité militante, du rapport au temps de chacun(e). Les femmes, quand elles sont mères et ont une double journée de travail, les racisé-e-s et les personnes non valides n’ont pas les mêmes contraintes ni les mêmes disponibilités et l’inclusion doit être une préoccupation permanente du mouvement politique. 
  1. Équilibre des échanges : Respect des horaires, des temps de réunions et de l’ordre du jour ; Posture d’écoute – Expression concise – Demander la parole – Volonté d’équilibrer les temps de paroles entre les membres. Utiliser des gestes pour faciliter le processus. Pour faciliter ces échanges, l’exigence de transparence est fondamentale : toutes les informations circulent librement entre les membres du collectif.
  1. Reconnaissance du droit à l’expérimentation et à l’initiative. Ces droits doivent être appliqués dans tous les domaines en matière de formation, de débat, d’action et d’intervention politique. Chaque militant qui s’engage doit être soutenu dans sa liberté de prendre des initiatives, de développer sa créativité. Dans ce cadre, la reprise des méthodes de l’éducation populaire et politique (cercles d’étude ou de culture, enquêtes militantes, ouvrières ou conscientisantes, histoires de vie collective, théâtre de l’opprimé, conférences gesticulées…) est décisive. Dans ce cadre, la question de l’intégration des aspirations des enfants de militant.e.s doit être prise en compte, par exemple sous la forme de conseils d’enfants à l’occasion des réunions, congrès, universités d’été pour les associer en tant qu’acteurs à part entière de notre mouvement.
  1. Gestion démocratique des prises de décisions et consentement :  la prise de décision par consentement, c’est-à-dire en l’absence d’objection motivée par des arguments valables, est à privilégier. S‘il y a des positions contradictoires, le vote peut être nécessaire mais il faut qu’il se fasse sur une base largement majoritaire pour être considéré comme émanant de l’organisation. Les intentions, projets d’actions et les décisions sont expliquées au sein des groupes et/ou des instances d’animation puis validées collectivement, par exemple avec des méthodes issues de l’éducation populaire : débats contradictoires, mouvants…Nous devons être à égalité pour décider.  Cette éthique de la décision doit aussi considérer que la décision revient en pratique à la fin à celleux qui la mettre en œuvre et qui auront la charge mentale de la réaliser. Quant aux décisions qui concernent les élections internes, elles se font sur la base d’une personne, une voix avec possibilité d’une partie de tirage au sort.
  1. La double appartenance est possible et protégée. Le mouvement doit être poreux ce qui ne veut pas dire gazeux. Il s’enrichit des expériences et des appartenances politiques des uns et des autres et refuse le sectarisme, la constitution de fractions ossifiées. 
  1. Création d’un écosystème autour et dans le mouvement politique. Nous voulons que puissent participer à cette force politique des collectifs, des associations, des coopératives, de Maisons Du Peuple, des groupes locaux sur une base communaliste ou affinitaire, des épiceries solidaires… Nous devons toutefois veiller à ne pas instrumentaliser des mouvements dans cet écosystème qui ne seraient que la reproduction des courroies de transmission, telles qu’elles étaient au moment de l’hégémonie du PCF sur le mouvement ouvrier. Cela implique de respecter l’autonomie de ces regroupements associés et donc de contractualiser leur intégration ou leur partenariat dans l’écosystème politique.
  2. Un équilibre entre horizontalité et coordination

L’organisation devra articuler horizontalité et coordination démocratique. L’autonomie locale des collectifs devra s’appuyer sur une animation transversale qui décloisonne le social, l’économique et le politique. Cette transversalité repose sur un projet politique clair, partagé et évolutif.

Nous visons une force populaire ancrée dans la diversité des luttes et une pratique politique qui transforme à la fois les individus et les collectifs, en préfigurant la société émancipée que nous voulons construire.

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Décloisonner militantisme, production alternative et solidarité

Le décloisonnement entre militantisme, production alternative et solidarité est un enjeu fondamental pour articuler nos pratiques et notre discours politique. Mais comment transformer une organisation politique en un véritable point d’ancrage matériel, un outil concret de mutualisation et de soutien, et un espace de jonction entre expérimentations sociales, économiques et politiques ?

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