Sortir du validisme

Le validisme est une forme de discrimination qui valorise les corps et les esprits considérés comme « valides », c’est-à-dire conformes à des normes de fonctionnement physique, mental ou sensoriel majoritaires, tout en marginalisant ou en excluant les personnes en situation de handicap. Cela inclut les stéréotypes, la stigmatisation, l’inaccessibilité, ainsi que les systèmes et structures sociales qui privilégient les personnes non handicapées.

En réponse, l’antivalidisme cherche à :

  • Remettre en question et déconstruire le validisme, en dénonçant les biais et les injustices systémiques envers les personnes handicapées.
  • Promouvoir l’inclusion, l’égalité et l’accessibilité pour toutes les personnes, indépendamment de leurs capacités physiques, mentales ou sensorielles.
  • Mettre en lumière les expériences des personnes handicapées et reconnaître leur diversité, leurs droits et leur autonomie.

En somme, l’antivalidisme permet une critique active des normes validistes et une affirmation des droits et de la dignité des personnes handicapées.

Une exigence anticapitaliste

Le capitalisme repose sur l’exploitation de la force de travail et la productivité comme critères centraux de la valeur humaine. Cela crée des dynamiques qui renforcent le validisme de plusieurs façons :

  • Productivité comme norme dominante : le capitalisme valorise les corps et les esprits capables de produire efficacement pour le marché. Les personnes en situation de handicap, souvent perçues comme « non productives » ou « moins rentables », sont marginalisées et exclues du système économique dominant. 
  • Inaccessibilité et exclusion structurelle : les lieux de travail, les horaires rigides et les exigences de performance standardisées ne tiennent souvent pas compte des besoins des personnes handicapées, ce qui les exclut ou les force à surcompenser dans des environnements hostiles. 
  • Médecine et validisme capitaliste : le capitalisme médicalise souvent le handicap en cherchant à « réparer » les corps ou les esprits pour qu’ils redeviennent fonctionnels selon ses normes, au lieu de remettre en question les structures sociales qui créent cette exclusion.
  • Précarité accrue : les personnes handicapées sont plus vulnérables à la pauvreté, au chômage ou aux bas salaires en raison de discriminations structurelles et d’un manque d’opportunités adaptées. Cela les place souvent dans une position où elles sont encore plus exposées aux inégalités du capitalisme.

L’antivalidisme et l’anticapitalisme convergent donc dans leur critique des normes oppressives de productivité et de valeur économique des individus.

Une exigence intersectionnelle

L’intersectionnalité souligne que les oppressions (racisme, sexisme, validisme, classisme, etc.) ne se vivent pas séparément, mais s’entrelacent de manière spécifique pour chaque individu ou groupe. Ce cadre analytique permet de relier l’antivalidisme et l’anticapitalisme de manière plus nuancée en examinant :

  • Les expériences croisées d’oppression : une personne handicapée racisée ou une femme handicapée pauvre subit des oppressions qui se renforcent mutuellement (par exemple, l’exclusion des espaces de travail combinée au racisme structurel ou au patriarcat).
  • Les dynamiques de pouvoir au sein des luttes : les mouvements anticapitalistes ou féministes, s’ils ignorent le validisme, risquent de reproduire des formes de marginalisation en excluant les voix des personnes handicapées.
  • La critique des normes universelles : l’intersectionnalité pousse à remettre en question les normes homogènes imposées par les structures de pouvoir, que ce soit celles du corps « valide », de la « classe travailleuse idéale » ou de la « féminité dominante ».

L’approche intersectionnelle permet de reconnaître que les luttes contre le validisme et le capitalisme ne sont pas les mêmes pour toutes et tous, mais doivent être adaptées aux réalités multiples des individus.

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