Problèmes de fins de mois, difficultés à se nourrir ou à se loger correctement, pollution, dérèglement climatique : nous sommes une grande majorité à vivre de moins en moins bien, à être angoissé·es par l’avenir.
Nous avons agi ces dernières années pour nos droits sociaux, pour le droit pour tou·tes de pouvoir se déplacer, se chauffer, avoir une alimentation de qualité, se loger décemment… Nos mobilisations visent aussi à préserver les biens communs (eau, terre, biodiversité, services publics) et à garantir leur accès, pour une vie meilleure.
Nos actions ouvrent une fenêtre sur un monde capable demain de répondre concrètement aux crises démocratique, sociale, sanitaire, environnementale.
Elles sont porteuses de justice sociale, climatique, internationaliste ; condition incontournable pour satisfaire les besoins sociaux tout en rompant avec le productivisme capitaliste et sa course à la croissance à tout prix.
Engagés·es dans divers mouvements, chacun·e d’entre nous fait de la politique, mais nous avons besoin d’imaginer ensemble une société désirable. L’absence d’un tel projet de société nous entrave tou·tes fortement, et contribue au sentiment d’impuissance et au manque de confiance en notre capacité à changer les choses.
Nous refusons de céder à ce pessimisme politique. Nous avons l’ambition de porter un projet de société où il est possible pour tou·tes de bien vivre tout en préservant la planète. Nous pensons que ce projet ne doit pas sortir des réflexions d’un groupe aussi bien intentionné soit-il, mais d’une mise en chantier où les expériences militantes et les mobilisations sociales ont une place essentielle.
Que l’on partage ou non notre objectif de construction d’une alternative politique, nous avons toutes et tous intérêt à ce qu’il y ait un dialogue entre les militantes et les militants dans leur diversité, et faire se croiser les expériences.
Deux mobilisations (parmi tant d’autres !)
La gratuité et le développement des transports publics
La gratuité et le développement des transports publics répondent à différentes préoccupations écologiques et sociales :
►augmentation du coût des transports, aggravé par les ZFE (Zones à faible émissions) qui pèsent essentiellement sur les milieux populaires ;
►congestions et embouteillages dans les grandes villes ;
►développement des maladies provoquées par les particules fines issues (entre autres) de l’utilisation massive de la voiture individuelle ;
►responsabilité majeure des transports dans les émissions de gaz à effet de serre.
La gratuité des transports publics est une idée qui progresse rapidement en France et qui est vécue au quotidien par plus de deux millions d’habitant·es, réparti·es sur 42 collectivités (métropoles comme Montpellier, intercommunalités comme Chateauroux…) qui ont fait le choix de la gratuité des transports publics.
La gratuité des transports publics crée un droit à la mobilité, sort un élément essentiel de la vie du domaine de la marchandise, contribue à une meilleure qualité de la vie.
La sécurité sociale de l’alimentation
La sécurité sociale de l’alimentation (SSA), permet de penser une transformation du système de l’alimentation (production agricole, transformation, distribution, consommation) pour une démocratie dans l’alimentation.
Sur le principe de la sécurité sociale, il s’agit de mettre à disposition de chaque personne 150€ par mois, utilisables auprès de professionnels de l’alimentation conventionnés, donc obligés de respecter un cahier des charges.
C’est à la fois permettre aux paysan·nes de vivre de leur travail et donner la possibilité pour chacune et chacun de manger une nourriture de qualité. Les collectifs et initiatives se multiplient sur l’ensemble du territoire.
La mobilisation des agriculteur·ices et des paysan·nes a mis à l’ordre du jour la nécessité de revaloriser le travail paysan, changer les façons de produire pour aller vers des pratiques agro-écologiques en circuit court. Il s’agit aussi de permettre à chacune et chacun d’accéder à une alimentation de qualité, alors que le baromètre de la pauvreté Ipsos / Secours Populaire (septembre 2023) révèle qu’il arrive parfois ou régulièrement à plus d’un adulte sur deux de ne pas faire 3 repas par jour et de se priver pour nourrir leurs enfants.
Quel est le coût de ces avancées sociales ?
Comment les financer ?
Avant tout, il faut parler du coût pour la société du recours massif à la voiture individuelle et au système agro-industriel actuel : coûts liés aux dégâts pour la santé (voies respiratoires, maladies cardio-vasculaires, cancers…), pour l’environnement (pollution de l’air, de l’eau, des nappes phréatiques…), pour les ressources naturelles (artificialisation des sols, épuisement et érosion des sols, disparition des pollinisateurs, des insectes, et des oiseaux…).
Ces coûts sont très largement supérieurs au coût de la gratuité des transports publics ou celui de la mise en place de la Sécurité Sociale de l’alimentation.
Le Versement Mobilité (VM), payé par les employeurs, contribue à un peu plus de 40% du coût de fonctionnement des transports publics. Il peut être considéré comme une cotisation sociale, car c’est un pourcentage de la masse salariale (aujourd’hui au maximum 2%). Augmenter le VM pour le porter à 3% (comme c’est déjà le cas en Île-de-France) permettrait, en de très nombreux endroits, de financer la gratuité et le développement des transports publics. C’est d’autant plus légitime que les grands groupes industriels et financiers sont à l’origine des phénomènes de concentration urbaine, de congestion et d’asphyxie des villes.
Le financement de la SSA pourrait se faire par une cotisation sociale supplémentaire. Les entreprises peuvent très bien supporter ce coup : les seules entreprises du CAC40 ont versé, en 2023, 100 milliards d’euros de dividendes !