Impérialismes : dans un monde instable, une exigence démocratique et émancipatrice

La victoire électorale de Donald Trump, président néofasciste à la tête des États-Unis – première puissance économique et militaire mondiale – constitue un signal inquiétant parmi d’autres. Cette dynamique pourrait renforcer les régimes autoritaires et ouvrir la voie à l’extrême droite européenne, notamment en France. Cependant, l’histoire enseigne que rien n’est joué d’avance : qui pouvait anticiper les révolutions du Printemps arabe en 2010 ou l’effondrement brutal du régime syrien par exemple ? Bien que le cycle de soulèvements populaires initié en 2010 ait été ralenti par la pandémie de Covid-19, il pourrait resurgir à tout moment, catalysé par les contre-réformes néolibérales, sexistes et productivistes, dans un contexte où la conscience écologique et féministe progresse, en particulier chez les jeunes générations.

Un monde multipolaire dominé par des impérialismes concurrents

Depuis le tournant du siècle, l’émergence de la Chine et des pays émergents a engendré un monde multipolaire. Pourtant, ce nouvel équilibre reste marqué par des logiques impérialistes. Si les États-Unis et les puissances occidentales conservent leur rôle dominant, d’autres impérialismes, comme ceux de la Russie en Ukraine ou de la Chine en Asie-Pacifique, se développent également. En Afrique, ces deux puissances rivalisent désormais avec les acteurs impérialistes occidentaux pour contrôler les ressources et les territoires stratégiques.

Le « Sud global », successeur du Tiers-Monde et des mouvements des non-alignés du XXe siècle, est désormais dirigé par des puissances comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Cependant, ces pays ne constituent pas une alternative émancipatrice : ils reproduisent les dominations capitalistes, productivistes et patriarcales. Les classes dirigeantes de ces États contestent certes l’hégémonie occidentale, mais uniquement pour défendre leurs propres intérêts. L’indifférence des BRICS – hormis l’Afrique du Sud – à la cause palestinienne en est un exemple criant.

Soutenir les luttes populaires, pas les dirigeants oppresseurs

Notre solidarité va aux luttes des peuples pour leur auto-détermination, la justice sociale et la démocratie, et non aux dirigeants qui perpétuent des systèmes oppressifs, qu’ils soient au Sud ou au Nord. Nous refusons les logiques « campistes » qui excusent les impérialismes sous prétexte d’opposition à l’Occident. Qu’il s’agisse de la Palestine, de l’Ukraine, de la Syrie, des pays du Sahel, de la Kanaky ou d’autres régions, nous soutenons les mouvements populaires qui luttent contre les colonialismes et les oppressions.

  • En Palestine, l’État d’Israël mène une guerre génocidaire pour poursuivre la colonisation, l’occupation et l’apartheid, avec la complicité des États-Unis et de la France.
  • En Ukraine, la Russie mène une guerre colonialiste et impérialiste au nom d’une idéologie raciste et expansionniste qui nie le droit à l’existence du peuple ukrainien et menace d’autres peuples de la région.
  • Dans les pays du Sahel, les peuples dénoncent la présence militaire française, ses politiques néocoloniales et ses ingérences dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger.

Ces luttes, tout comme celles des Kanaks, des Ouïghours, des Kurdes ou des Mahorais·es, ont des ennemis différents mais partagent une même légitimité dans leur quête d’égalité et de justice. Elles se heurtent à des oppressions menées par des puissances impérialistes historiques (États-Unis, Russie, Israël, France), des acteurs émergents (Chine) ou régionaux (Arabie Saoudite, Turquie). Ces oppressions exacerbent les conflits, la misère et les migrations forcées, tout en s’appuyant sur des idéologies racistes, patriarcales et fascistes.

Les responsabilités de l’État français

La France, puissance impérialiste historique, continue de jouer un rôle central dans les oppressions mondiales :

  • Elle soutient la guerre génocidaire menée par Israël en fournissant des armes et une couverture politique.
  • Elle est le deuxième exportateur mondial d’armes, fournissant notamment l’Arabie Saoudite dans sa guerre meurtrière au Yémen.
  • Elle maintient sa domination coloniale dans les « territoires d’outre-mer » comme la Kanaky ou la Polynésie, où les aspirations à l’auto-détermination sont systématiquement entravées.
  • Elle refuse toujours de signer la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui reconnaît les droits des peuples indigènes et tribaux, notamment leur droit à la terre et à l’auto-détermination.

Nous soutenons les mobilisations des peuples pour leur auto-détermination, qu’il s’agisse des Kanaks, des indépendantistes corses ou des Polynésiens, qui exigent la fin des pratiques néocoloniales. Au sein de l’hexagone, des territoires ont été annexés par la force au moment de la construction du territoire national. En Alsace, Bretagne, Catalogne, Euskadi, Flandre, Occitanie, Provence,  des peuples revendiquent aussi la pleine reconnaissance  de leurs langues, leurs cultures et, parfois, luttent pour leur auto détermination. Ces revendications culturelles et politiques sont légitimes. Nous les soutenons et en sommes partie prenante.

Construire une alternative internationale pour la justice sociale et écologique

Les défis des inégalités sociales et de l’effondrement écologique ne peuvent être résolus à l’échelle nationale. Les transformations révolutionnaires de notre époque se joueront à plusieurs niveaux, de l’échelle locale à l’échelle mondiale. Si les ruptures institutionnelles commencent souvent dans un pays, leur succès dépend de leur capacité à s’étendre par contagion à d’autres.

  • Nous devons tisser des liens entre mouvements sociaux et politiques au niveau européen et mondial.
  • Nous devons nous impliquer activement dans des réseaux altermondialistes et écologistes, en promouvant des coopérations et des échanges d’expériences entre forces progressistes.
  • À l’image des mobilisations citoyennes globales, nous devons bâtir des solidarités transnationales pour répondre aux urgences sociales et écologiques, tout en défendant les luttes pour l’auto-détermination et la démocratie partout dans le monde.

En fin de compte, notre combat est universel : justice sociale, égalité, démocratie et émancipation. Ce sont les principes qui nous guideront pour en finir avec un système mondial qui broie les humains et détruit la planète.

propositions : Contre l’impérialisme, pour un internationalisme concret et cohérent

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